Edgar Willems est né à Lanaken, en Belgique, le 13 octobre 1890. Après des études d’instituteur, depuis toujours attiré par la peinture, il s’inscrit à l’école des Beaux-Arts de Bruxelles. Quant à la musique, il s’y intéresse déjà, mais en autodidacte surtout (non sans avoir reçu quelques leçons de piano et avoir joué dans la fanfare de son village). Après une période très riche en expériences humaines et artistiques, il quitte Bruxelles pour Paris vers 1920. Tout de suite intéressé par plusieurs milieux idéalistes et spiritualistes, il fréquente aussi de nombreux peintres et poètes; à la recherche de la réalisation d’un idéal, il partage, pendant quelques temps, la vie communautaire de Raymond Duncan, le frère d’Isadora (il s’agissait de revivre, au XXe siècle,l’idéal grec à travers la musique, le mouvement, le tissage, la peinture et la philosophie, dont la pratique était quotidienne). C’est à Paris, au centre de recherches spirituelles du Veilleur, qu’il rencontre un professeur du Conservatoire de Genève, Lydie Malan ; la richesse de sa personnalité frappe beaucoup Willems et l’incite à suivre ses cours de chant à Genève en 1925.

Il travaille aussi avec une remarquable musicienne, Thérèse Soravia (solfège supérieur et orgue), avec William Montillet (harmonie) et Emile Jaques Dalcroze (rythmique). En 1928, on lui confie un cours de philosophie de la musique puis il reprend, à la mort de la titulaire, une année plus tard, le cours de solfège pour adultes de Th. Soravia. Sa quête patiente de la sensorialité auditive, rejoignant la sensibilité puis la conscience, liée à son désaccord total avec l’enseignement musical très intellectualisé amènent peu à peu Willems à concevoir une éducation musicale destinée aux jeunes enfants.
Ses premiers ouvrages publiés dès 1934 et ses premières conférences  (elles seront nombreuses par la suite, en Suisse et à l’étranger) aboutissent à l’élargissement de son activité au Conservatoire de Genève qui ouvre, en 1956, les premiers cours d’initiation musicale pour les enfants de 5 à 7 ans, en même temps qu’il propose un cours de pédagogie de l’initiation musicale destiné à former des enseignants. Le professorat Willems se poursuivra jusqu’en 1971.
Edgar Willems a aussi été l’inventeur de tout un matériel auditif : l’audiomètre, le sonomètre, l’audicultor, qui lui valurent plusieurs brevets.
Discret de nature, il a vécu modestement tout en dispensant ses richesses intérieures avec un magnifique élan.

Texte tiré du dossier « Dans la perspective d’une éducation musicale » 1985, S. Gabus, B. Kull, F. Rosset-Buffle